Balades régionales ILE DE LA REUNION

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ILE DE LA REUNION

Balade volcanique

Ses étendues arides de lave ont comme un air de planète Mars. Pourtant, à deux pas des braises infernales du Piton de la Fournaise, les plages paradisiaques de la Réunion déferlent sous le grondement incessant d'un océan déchaîné, surplombé de paysages éclectiques de palmeraies, de forêts tropicales, de champs de canne. Balade au coeur de l'Est et du Sud sauvage d'une terre bigarrée qui puise son énergie débordante dans le bouillonnement du magma.

A la découverte du Sud sauvage.

Toujours dans ce bain enivrant de clairs-obscurs, où les tons chauds de la roche basaltique se heurtent au bleu strident de l'eau et au vert pétant des feuillages, on met le cap sur le Sud. Ici, le paysage de champs de canne se déploie à perte de vue, émaillé par les toits en taule des petites cases devant lesquelles quelque gra moune (un ancien) s'assoie pour regarder le monde passer. Sur ce pan de l'île, la verdure abondante, rassasiée de pluies torrentielles, a été échevelée par la frénésie des alizés. L'humidité se respire à pleins pores alors que l'on atteint Saint-Philippe, pour une dégustation revigorante de coeurs de palmistes au très réputé restaurant du Cap Méchant, avant de reprendre le large en direction de Saint-Joseph.

Près de "Saint-Jo", la rivière des Remparts se jette dans la mer, terminant sa course effrénée le long du bras d'une ancienne caldera de la Fournaise ; une gorge escarpée, verdoyante, où les plus téméraires se laisseront peut-être tenter par une séance de canyoning. Pour les moins sportifs, un moment de répit s'impose au bord de la rivière Langevin, de ses petites cascades, de ses roches rondelettes et luisantes : le grand repaire des pic-nics en famille du Sud, gorgé d'odeurs de truites et de sardines grillées. Rien à voir avec le paradis tropical de la plage corallienne de Grande Anse, où l'on s'affale sous les cocotiers ameutés sur la rive, le tronc cambré vers l'océan comme des proues de navires. Nous sommes en plein Sud sauvage, débridé, à deux pas des terres fringantes de Manapany où la végétation corpulente, diaprée, chatouille le ciel à l'ombre du vol des pailles en queue, "z'oiseaux blancs des îles" d'une grâce à faire blêmir toutes les mouettes de métropole.
Si on l'appelle "l'île intense", ce n'est pas tellement à cause de la profusion désoeuvrante de jeux de mots qu'insuffle son nom ; quoique le calembour, spécialité des Réunionnais, est à lui seul une couleur locale. A l'île de la Réunion, l'exubérance, la virulence de la nature, est une évidence écrasante qui s'infiltre partout, imprègne tout. Elle vrombit sur les plages de Saint-Gilles où les vagues herculéennes viennent se fracasser contre le sable blanc, creusant avec acharnement le flanc d'une île convoitée par les surfeurs des quatre coins du monde, qui s'agglutinent dans ses eaux cristallines pour se battre contre les rouleaux de la "côte sous le vent".

Intensité accablante, elle se faufile dans la chape de nuage du coeur montagneux, dont les brumes carabinées enlacent l'après-midi les hauteurs vertigineuses du Piton des Neiges (à plus de 3.000 mètres), du Maïdo et des trois cirques : Mafate, Cilaos et Salazie. Elle mijote dans le piment et le curcuma, dans les gousses de vanille gorgées de rhum arrangé, dans la chaleur étourdissante de l'océan Indien où le soleil affole, cogne, "poik"… L'été, elle éclate dans le rouge vif des flamboyants en fleur et rayonne sur les pieds de letchis luxuriants. D'après la mythologie locale, la fougue insulaire provient des entrailles du volcan, coule dans les veines du Piton de la Fournaise, fume dans le bouillon terrifiant que prépare Grand-Mère Kalle du haut de son cratère ardent. Moins touristiques que l'aile occidentale, plus coriaces, plus rudes, plus humides, la côte Est dite "au vent" et le Sud sauvage débordent de toute l'énergie de l'île de lave et de basalte. Balade fringante au coeur de ces terres éruptives.

Randonnée au volcan et sur les traces des coulées de lave.

Les flambées d'air frais du petit matin éraflent les vitres entrouvertes sur la route pentue et tortueuse, couleur rouille, qui mène au pied du Piton de la Fournaise. Dehors, le paysage sec et cendré, baignant dans la lueur somnolente du point du jour, prend des airs de steppe interstellaire, avant de déboucher sur une plaine poussiéreuse, rougeâtre, aride. Quand le ronflement du moteur s'étouffe enfin, un silence total, assourdissant, s'installe pour accompagner l'arrivée du levant au-dessus du Piton soupirant. Là, on se met à dévaler quelques centaines de marches (bien plus "casse-cüil'" à la remontée), avant de poser le pied sur un semblant de lande martienne, non loin du "petit cratère". Puis c'est la montée fulgurante le long du chemin balisé, sur la lave sombre aux reflets bleutés, verts, violacés, luisant comme une mare de pétrole sous le soleil brûlant des hauts. A plus de 2.000 mètres d'altitude, après quelques heures d'excursion, la chaleur du cratère se ressent enfin, les effluves du magma et du souffre titillent l'odorat. Au bord de la caldera, on assiste au spectacle des flaques de lave en ébullition, dont les couches écarlates se plissent lentement avant de sécher en peau d'éléphant. Une pause mirifique sous le souffle du volcan haletant. Après quoi : demi-tour. Le périple ne fait que commencer.

De retour à "l'auto", direction l'est par la route de la Plaine des Palmistes. Le moteur rugit sous la chaleur du bord de mer, alors que l'on vire vers le sud à Saint-Benoît pour entamer la longue descente le long de la "côte au vent". En plein été, au niveau de la rivière de l'Est, on verra défiler les pêcheurs, maniant comme des alchimistes leurs vouves, leurs bertelles et leurs soubiks, où ils rassemblent par milliers de minuscules poissons scintillant comme de l'or sous le zénith terrassant. Les bichiques : une denrée succulente, à déguster sans faute en cary (le plat typique, à base de tomates et d'épices), accompagné de son "gazon" de riz et de son 'ti rougail épicé. Comme les mélanges culinaires de l'Ile de Feu, l'architecture éclectique de l'église bariolée de Sainte-Anne que l'on croise en serpentant le littoral reflète les influences indiennes, malgaches, chrétiennes qui colorent de toutes parts ce melting pot flamboyant où Européens, Indiens et Africains cohabitent depuis des siècles.

D'ailleurs, un peu plus loin, le pont suspendu des z'Anglais, érigé lors de l'invasion de la flotte britannique au début du XIXe siècle, étend ses grands bras de fer forgé au milieu des fougères arborescentes sous le chant des coqs des cases avoisinantes. C'est l'escale historique de Sainte-Rose, dont le port tranquille raconte l'époque des navigateurs et des guerres coloniales avec son bataillon de canons défraîchis, vestiges des querelles de la Route des Indes dont la gorge bâille crânement vers l'île Maurice, l'Asie, l'Océanie… A côté, parmi les cocotiers et les barques de pêcheurs, des promeneurs cassent une croûte et quelques marmailles se baignent dans la tiédeur des chutes d'eau de la superbe anse des Cascades, avant de reprendre la route vers l'époustouflante église de Piton Sainte-Rose. Elevés en mosaïque au-dessus du portique, les bras bâillants du Christ semblent avoir stoppé net le flot de lave qui est venu gaver les constructions du village lors de l'éruption dévastatrice de 1977. "Mirâcle, ça", expliquent les habitants à propos de l'exemption de la maison du Seigneur, que l'on pénètre en descendant un escalier taillé dans le muret de lave encerclant la façade. Sur cette portion du flan Est, ravagée par les fougues du volcan, le coeur de la Réunion bat au rythme des coulées de basalte qui agrandissent la superficie de l'île d'éruption en éruption. Des étendues noires, brunes, desséchées, que l'on sillonne à pied, jusqu'au bout de leurs tentacules de lave épanchées dans l'océan effréné.

Le pied sur la braise : Saint-Pierre et l'Etang-Salé.

Arrivée à Saint-Pierre, où le clocher de l'église, le dôme de la mosquée et le temple hindou surplombent la mosaïque de toitures hétéroclites de la ville. Le moment est venu de se plonger au coeur de la civilisation réunionnaise, aussi pétulante et hybridée que son environnement. Les arômes d'épices, de samousas et de "bonbons piment", explosifs pour les papilles gustatives, happent les passants du marché couvert en fer forgé et des étals chamarrés de broderies malgaches qui longent le port. En face du marché forain, l'océan gronde toujours sur la plage de la plus grande ville du Sud, où d'énormes coraux sont venus se naufrager. En janvier, dans certains recoins de Saint-Pierre, on peut assister de loin aux marches sur le feu des Tamouls, qui déambulent pieds nus sur les braises pour rendre hommage à Pandalié, Kâli et Mariamen.

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l'ile de La Réunion est une perle au beau milieu de l'océan indien .La la route des Tamarins est achevée
l'impossible d'hier est devenu réalité .

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